L’éducation diabétique à l’ère de l’intelligence artificielle
Par Dr Anwar CHERKAOUI avec le concours du Dr Fouad RKIOUAK, président SMEDIAN
20ᵉ Congrès Maghrébin d’Endocrinologie, Diabétologie et Nutrition, Marrakech, 16 au 19 octobre 2025
La prise en charge du diabète ne se limite plus à la prescription d’insuline ou de comprimés.
Aujourd’hui, l’éducation thérapeutique est considérée comme un pilier essentiel du traitement, au même titre que l’alimentation équilibrée, l’activité physique et la pharmacothérapie, indique Dr Fouad RKIOUAK, président du congrès Maghrébin d’endocrinologie, diabetologie et nutrition.
L’éducation diabétique transforme le malade en véritable acteur de sa santé.
Elle lui apprend à surveiller sa glycémie, à interpréter les résultats, à ajuster son alimentation et ses doses d’insuline en fonction de son activité physique.
Elle l’aide aussi à reconnaître les signes d’alerte d’une hypoglycémie ou d’une hyperglycémie, à agir immédiatement et à prévenir les complications graves comme le pied diabétique.
Les bénéfices en santé publique sont majeurs.
Partout où l’éducation diabétique est bien implantée, les hospitalisations chutent de près d’un tiers, les complications chroniques sont moins fréquentes et les coûts de santé diminuent.
Chaque dirham investi dans l’éducation thérapeutique en fait économiser plusieurs autres en soins lourds, en journées d’hospitalisation et en perte de productivité.
À l’ère du numérique, l’intelligence artificielle vient renforcer cette approche.
Grâce à elle, l’éducation devient plus personnalisée.
Les algorithmes analysent les données glycémiques et alimentaires pour donner des recommandations sur mesure.
Ils prédisent les risques d’hypo ou d’hyperglycémie avant qu’ils ne surviennent, alertant le patient en temps réel.
Les applications de santé connectée offrent un coaching interactif, y compris dans les zones rurales éloignées.
Cette révolution numérique a aussi un effet psychologique puissant.
Les programmes de motivation et de ludification incitent les enfants et les adolescents à mieux suivre leur traitement, rendant l’apprentissage plus attractif et engageant.
Les économies de santé sont substantielles.
Moins de complications, moins d’hospitalisations d’urgence, moins de déplacements inutiles et une meilleure allocation des ressources médicales.
L’intelligence artificielle permet également de constituer des bases de données nationales qui orientent les politiques publiques et améliorent la planification des achats de médicaments.
Lors du 20ᵉ Congrès Maghrébin d’Endocrinologie, Diabétologie et Nutrition, le Pr Mariem BENKACEM présentera les résultats d’un grand projet d’éducation diabétique et d’une expérience pilote combinant intelligence artificielle et accompagnement personnalisé.
Les premières données sont prometteuses : meilleure maîtrise de l’HbA1c, réduction des hypoglycémies graves et forte satisfaction des patients.
Cette démarche pourrait devenir un modèle pour le Maroc et le Maghreb, conciliant progrès technologique, équité d’accès aux soins et efficience économique.
L’éducation diabétique, soutenue par l’intelligence artificielle, n’est plus seulement une stratégie médicale, c’est une arme de santé publique et un investissement pour l’avenir.
Mots-clés: Congrès, SMEDIAN, Diabète
