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Cancer du sein après 65 ans : quand « moins » de traitements peut vouloir dire « mieux »

Par Dr Anwar CHERKAOUI
Expert en communication médicale et journalisme de santé
 
De recentes récentes dont l’une, parue dans The Lancet en août 2025, bouscule certaines idées reçues : chez les femmes de plus de 70 ans atteintes de cancer du sein hormonodépendant, la chimiothérapie n’apporte pas toujours de bénéfice… et peut même s’avérer plus nocive qu’utile.
 
C’est dans ce contexte scientifique, qu’ a Al Hoceïma, ville au nord est du Maroc, va accueillir, du 11 au 13 septembre 2025, la 23ᵉ édition du Cours supérieur franco-maghrébin de sénologie. 
Trois jours où oncologues, chirurgiens et radiologues vont confronter leurs expériences.
 
Quand la science dit « halte » à la surenchère thérapeutique
 
L’étude « Aster 70s », menée en France et en Belgique auprès de près de 2 000 patientes âgées de 70 à 95 ans, a comparé deux approches : hormonothérapie seule versus hormonothérapie plus chimiothérapie. 
 
Résultat après 8 ans de suivi : la survie globale est pratiquement identique dans les deux groupes. 
 
En revanche, les effets secondaires graves – fatigue extrême, toxicité sanguine, décès liés aux traitements – étaient trois fois plus fréquents avec la chimiothérapie.
 
Comme le résume le Pr Étienne Brain, coordinateur de l’étude à l’Institut Curie : « Le toujours plus n’est pas forcément le toujours mieux. »
 
Une leçon pour le Maroc, où les femmes vivent plus longtemps qu’hier
 
Au Maroc, l’espérance de vie des femmes a bondi de plus de 10 ans en un quart de siècle, atteignant aujourd’hui environ 79 ans. 
 
Cela signifie que la proportion de patientes âgées atteintes de cancer du sein va mécaniquement augmenter dans les années à venir. 
Et cela pose une question brûlante : faut-il appliquer les mêmes protocoles lourds à une femme de 45 ans en pleine force de l’âge qu’à une femme de 75 ans souffrant déjà d’hypertension, de diabète ou d’arthrose ?
 
Dans un pays où la gériatrie est encore une spécialité émergente  », ce type d’étude rappelle qu’il est urgent d’adapter les pratiques.
 
 Vers une médecine plus personnalisée
 
Les données issues de « Aster 70s » rejoignent une autre avancée présentée en août 2025 par une équipe de Gustave-Roussy : grâce à l’intelligence artificielle, il est désormais possible de réévaluer le risque réel de récidive tumorale et d’éviter des chimiothérapies inutiles à une femme sur cinq.
 
Transposé au Maroc, cela représenterait des milliers de femmes chaque année épargnées par des traitements lourds et coûteux, mais surtout par leurs effets délétères.
 
 La fragilité, un facteur clé
 
L’étude souligne également l’importance de la fragilité gériatrique, comparée à « un jeu de Kapla » : une simple planchette retirée et tout l’équilibre s’effondre. 
 
Dans les hôpitaux marocains, où la prise en charge globale des personnes âgées reste un défi, cette métaphore résonne avec force. 
 
Un protocole mal adapté peut transformer un patient autonome en malade dépendant.
 
 Enjeu pour la santé publique marocaine
 
Au Maroc, où plus d’un cancer du sein sur deux est diagnostiqué après 55 ans, la personnalisation des soins n’est pas un luxe mais une nécessité. 
 
Éviter la surmédicalisation, introduire davantage d’évaluations gériatriques, et investir dans des tests prédictifs validés scientifiquement pourraient transformer la prise en charge.
 
Les femmes marocaines vivent plus longtemps, certes. 
Mais cette longévité doit s’accompagner d’une qualité de vie préservée. 
La question n’est plus seulement de « gagner des années », mais de les vivre pleinement, sans traitements inutiles.
 
Une réflexion que la communauté médicale marocaine et francaise, réunie à Al Hoceïma, ne peut ignorer : il est temps d’entrer dans l’ère de la médecine adaptée à l’âge, aux comorbidités et aux attentes des patientes.

Mots-clés: Cancérologie


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