
Congrès Maghrébin : pour une pompe à insuline accessible à tous les diabétiques du Maghreb
Par Dr Anwar CHERKAOUI
Avec le concours du Dr Fouad RKIOUAK, président de la SMEDIAN
Marrakech s’apprête à devenir, du 16 au 19 octobre 2025, la capitale de l’endocrinologie et du diabète au Maghreb.
La Société Marocaine d’Endocrinologie, Diabétologie et Nutrition (SMEDIAN) y organise un congrès d’envergure, réunissant des experts venus du Maroc, d’Algérie, de Tunisie, de Libye et de Mauritanie.
Au-delà des débats scientifiques, cette rencontre se veut le point de départ d’un plaidoyer commun : rendre la pompe à insuline financièrement accessible à tous les diabétiques, adultes comme enfants, à travers tout le Maghreb.
La pompe à insuline : un outil qui change la vie
L’insulinothérapie par pompe constitue aujourd’hui l’une des avancées majeures dans la prise en charge du diabète de type 1.
Chez l’enfant, elle permet :
une délivrance continue et ajustée de l’insuline,
une réduction des hypoglycémies sévères, notamment nocturnes,
une plus grande flexibilité des repas et activités,
une amélioration globale de la qualité de vie familiale.
Dans les pays où son usage est généralisé, elle diminue les complications chroniques – rétinopathies, insuffisance rénale, neuropathies – et représente un investissement sanitaire rentable à long terme.
Un accès encore trop limité au Maroc et dans la région
La réalité, pourtant, reste préoccupante.
Coût prohibitif : une pompe coûte entre 40.000 et 60.000 DH, et ses consommables mensuels entre 1.000 et 2.000 DH.
Or, ni les régimes publics (CNOPS, CNSS) ni les assurances privées ne remboursent ces frais de manière systématique.
Manque de formation : peu de pédiatres et diabétologues sont formés à la mise en place et au suivi des pompes.
Les infirmières éducatrices spécialisées en diabétologie pédiatrique sont rares.
Offre de soins insuffisante : seuls quelques centres pilotes ou associations proposent la pompe à insuline, sans véritable programme national intégré.
Résultat : cette technologie, pourtant salvatrice, reste l’apanage des familles aisées.
Un plaidoyer collectif pour l’équité
Le congrès de Marrakech veut changer la donne.
Les sociétés savantes du Maghreb entendent :
interpeller les décideurs sur l’importance d’inclure la pompe à insuline dans le panier des soins remboursés par l’AMO,
mobiliser les industriels et distributeurs pour revoir les coûts et faciliter l’accès aux consommables,
renforcer la formation des médecins et éducateurs en diabétologie pédiatrique,
sensibiliser les médias et l’opinion publique à l’injustice sociale qui prive les enfants d’un outil thérapeutique moderne.
Du plaidoyer à l’action politique
Le ministère de la Santé, le Conseil de la Concurrence et les organismes payeurs (CNOPS, CNSS, assurances privées) sont interpellés.
L’objectif est clair : que la pompe à insuline cesse d’être un luxe réservé à quelques-uns et devienne un droit pour tout diabétique, du nord au sud du Maghreb.
Une opportunité historique
À l’heure où la généralisation de l’Assurance Maladie Obligatoire (AMO) et la réforme de la protection sociale avancent à grands pas, le moment est idéal pour inscrire la pompe à insuline au cœur de la politique de santé publique.
Ce congrès maghrébin pourrait marquer le début d’un mouvement collectif qui dépassera les frontières, pour offrir à chaque enfant diabétique de Casablanca, Alger, Tunis, Tripoli ou Nouakchott la même chance qu’un enfant de Paris ou Montréal.

Mots-clés: Congrès, Diabète, Endocrinologie