
La néphrologie marocaine et le football
Par Dr Anwar CHERKAOUI
De la néphrologie de charité à la préservation d’un rein précieux : l’épopée de la renaissance d’une discipline médicale
Dans le doux tumulte de l’ambiance du 21e Congrès de Néphrologie 2025, il y eut un moment suspendu entre la science et l’âme.
Au dîner, à cette table de sept, point de jargon médical ni d’anamnèse morne.
Non. Il y avait là des néphrologues, mais aussi des hommes, des passionnés du ballon rond, de passes lumineuses et de dribbles chaloupés.
Le football régnait, roi d’un soir.
J’étais là, fasciné devant tant de verve, de culture tactique, de souvenirs partagés d’épopées sportives.
Et, dès le lendemain, le souffle grave de la science reprit ses droits.
Et voici que, dans ce théâtre de la FMC, archi comble, le Pr Mohammed Benghanem, figure emblématique de la néphrologie marocaine, cria haut et fort, mais avec assurance et modestie.
Il n’est plus question de passes décisives, mais de vision, d’avenir, de cette néphrologie marocaine qu’il rêve grande, debout, conquérante à l’horizon 2030.
« Accueillir le Congrès International de Néphrologie au Maroc », lança-t-il, tel un appel d’orgueil et d’audace.
Mais surtout, dit-il, il nous faut quitter les rives tristes de la dialyse subie pour accoster aux terres fertiles de la prévention et de la préservation du capital rénal.
Passer de la médecine de la fatalité à la médecine de l’anticipation.
De la survie au droit à la santé rénale.
Ce rêve n’est pas chimère.
Il est soutenu par une devise forgée dans le feu du progrès :
de la néphrologie de charité à la néphrologie de droit.
Phrase culte, mantra lumineux d’un des pionniers marocains de la discipline, le Pr Driss ZAID.
Car oui, le Maroc avance.
Aujourd’hui, la Société Marocaine de Néphrologie, sous l’impulsion du Pr Driss Elkabbaj, et de médecins-femmes trés engagées dans les sciences nephrologiques, trace une nouvelle voie.
Elle ne veut plus que la néphrologie marocaine se contente de panser les reins brisés.
Elle veut les préserver, les chérir, les protéger jusqu’au dernier souffle de vie.
Trois piliers guident cette épopée :
l’éthique comme boussole,
la recherche scientifique comme bras armé,
et l’implication du citoyen — homme, femme et enfant — comme cœur battant.
Car la santé rénale ne se décrète pas en cabinet feutré.
Elle se cultive dans chaque foyer, chaque assiette, chaque conscience éveillée.
Alors oui, il est temps de relever ce défi.
De réduire ces 3 000 patients qui, chaque année, glissent vers la dialyse.
D’empêcher ces 1 000 morts silencieuses, ceux qui n’ont même pas eu la chance d’un rein artificiel.
Il est temps que le Maroc offre au monde une autre image :
celle d’un pays où la médecine n’est plus seulement un rempart contre la mort,
mais un hymne à la vie.
Et dans ce chant d’avenir,
la néphrologie marocaine est prête à faire entendre sa voix.
Haute, fière, profondément humaine.
Mots-clés: Congrès, Néphrologie