Le numérique au service de la vie des mères et des nouveau-nés au Maroc

Dr Anwar CHERKAOUI
Expert en communication médicale et journalisme de santé

Hier, jeudi 20 novembre 2025, le Ministère de la Santé et de la Protection sociale a lancé une plate-forme pour promouvoir la santé maternelle et néonatale

Le Maroc franchit une nouvelle étape importante dans sa stratégie nationale de santé maternelle et néonatale avec le lancement de la plateforme SSDMAR, un système de surveillance, d’audit et de riposte consacré aux décès maternels et néonatals.

Derrière ce dispositif numérique se trouve une ambition simple et essentielle : prévenir les drames évitables et améliorer la qualité des soins offerts aux femmes enceintes et à leurs bébés.

Des progrès visibles mais encore insuffisants

La santé maternelle demeure l’un des indicateurs les plus sensibles de performance d’un système de santé.

Les progrès réalisés ces dernières années témoignent d’un effort réel : baisse de la mortalité maternelle, recul significatif de la mortalité néonatale.

Cependant, ces avancées ne doivent pas masquer la réalité.

Chaque décès évitable rappelle qu’un long chemin reste à parcourir pour renforcer la sécurité des mères et des nouveau-nés.

Un outil numérique pour comprendre et agir

La plateforme SSDMAR se distingue par sa capacité à transformer l’information en action.

Elle permet la déclaration immédiate des décès, l’analyse détaillée de leurs causes médicales ou organisationnelles et la formulation de mesures correctives adaptées.

Le but n’est plus seulement de constater après coup, mais d’agir en amont, de repérer les fragilités et d’améliorer continuellement les pratiques.

Une coordination du terrain jusqu’au niveau national

L’une des forces du dispositif réside dans son organisation en trois niveaux.

Sur le terrain, les équipes locales sont responsables du signalement et de l’analyse.

Les structures régionales assurent le soutien opérationnel et l’accompagnement technique.

À l’échelle nationale, les données sont synthétisées, orientant la planification et la coordination globale.

Cette architecture permet une réponse plus fluide, plus rapide et mieux ciblée.

Un écosystème de partenaires mobilisés

La mise en œuvre de SSDMAR repose sur la mobilisation de multiples acteurs : structures hospitalières, Groupements Sanitaires Territoriaux, organisations internationales, initiatives sociales, experts techniques.

Ce réseau d’alliances renforce la crédibilité du système et garantit une dynamique de progrès durable.

Une innovation prometteuse… qui doit encore faire ses preuves

Comme tout dispositif ambitieux, la plateforme SSDMAR présente des avantages certains mais aussi des limites qu’il faut regarder en face.

Sa réussite dépendra avant tout de la capacité des équipes locales à alimenter régulièrement le système en données fiables et complètes.

Le risque existe de voir un outil performant sur le papier, mais sous-utilisé faute de formation suffisante, de temps, ou de culture de la déclaration.

L’analyse seule ne suffit pas : elle doit être suivie d’investissements concrets, notamment dans les plateaux techniques, la disponibilité des professionnels et l’accès équitable aux soins, notamment dans les zones rurales.

Enfin, la surveillance ne doit pas supplanter la prévention : consultations prénatales de qualité, éducation sanitaire, transport sécurisé, continuité des soins restent essentiels.

SSDMAR ouvre une porte prometteuse, mais le véritable changement dépendra de la transformation du terrain.

Vers un système plus réactif et plus transparent

Malgré les défis, le lancement de SSDMAR marque une avancée majeure dans la modernisation de la santé maternelle au Maroc.

En faisant des données un outil de prévention et d’amélioration continue, le pays renforce son engagement envers la sécurité des femmes et des nouveau-nés.

La plateforme offre une promesse : celle d’un système plus attentif, plus réactif et plus transparent, capable d’apprendre de chaque cas pour sauver davantage de vies demain.