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Sala Al Jadida et Ouazzane : Pour une médecine spécialisée de proximité, à portée du citoyen

Par Dr Anwar CHERKAOUI et Dr Mohsine El BAKKALI
 
 Un nouveau visage de la santé de proximité
 
À Sala Al Jadida, la Polyclinique Internationale incarne une vision : celle d’une médecine spécialisée de proximité, moderne, humaine et accessible.
 
L’idée n’est pas anodine. Dans un pays où certaines populations parcourent encore des dizaines, parfois des centaines de kilomètres pour consulter un médecin généraliste, cette initiative prend des allures de révolution silencieuse.
 
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) définit la médecine de proximité comme celle qui « garantit à chaque individu un accès équitable à des soins de qualité, à distance raisonnable de son lieu de vie ». 
 
Une définition simple, mais qui reste, dans bien des régions du Maroc, un idéal encore lointain.
 
 La fracture territoriale du système de santé
 
De Tanger à Lagouira, le contraste est saisissant. 
 
Tandis que les grandes métropoles marocaines — Rabat, Casablanca, Marrakech, Tanger — concentrent les hôpitaux ultramodernes, les cliniques haut de game, les équipements de pointe et les médecins spécialistes, d’autres régions, comme Ouezzane, Taza ou Tata, vivent une pénurie chronique de médcins spécialistes.
 
Dans certaines petites et moyennes villes, le mot, "cardiologue", « radiologue », « endocrinologue », « rhumatologue » ou ophtalmologue n’est qu’un écho entendu à la télévision.
 
Cette fracture territoriale de la santé est une injustice silencieuse.
 
Elle nourrit les inégalités sociales, retarde les diagnostics et fragilise la confiance des citoyens dans le système national de santé.
 
 Quand le secteur libéral relève le défi
 
C’est dans ce contexte qu’émerge une expérience inédite : celle de structures libérales comme la Polyclinique Internationale de Sala Al Jadida, qui fait le pari de rendre la médecine spécialisée accessible à tous.
 
Des cardiologues, des gastroentérologues, des chirurgiens dentistes, des gynécologues, des radiologues, parfois bénévoles, parfois itinérants, y exercent leur art dans des conditions techniques comparables à celles des grands centres urbains.
 
Mais paradoxalement, la loi les entrave. 
 
Ces médecins, inscrits dans un ordre régional ou limités par un cadre d’exercice territorial, se heurtent à une législation rigide : ils ne peuvent pas toujours intervenir dans une autre région, même lorsque le besoin médical est flagrant et l’équipement disponible.
 
Quand la loi devient un frein à la santé
 
Cette situation soulève une question essentielle : une loi faite pour protéger doit-elle devenir un obstacle à la santé publique ?
 
La réglementation médicale au Maroc a été conçue pour garantir la qualité, la traçabilité et la responsabilité de l’acte médical. 
 
Mais, dans la réalité actuelle du pays, cette rigidité administrative peut priver des milliers de citoyens de soins urgents ou spécialisés.
 
 La loi devrait être un instrument de progrès, non une barrière.
 
Elle doit s’adapter à l’évolution de la société, des besoins sanitaires, et aux déserts médicaux qui persistent dans plusieurs provinces.
 
Une urgence d’action politique
 
L’État, garant de l’équité territoriale, doit reconnaître l’urgence de cette situation.
 
Adapter le cadre légal, c’est autoriser les médecins volontaires à exercer temporairement dans les zones déficitaires, sous la supervision des autorités sanitaires locales, et avec un encadrement clair.
 
C’est aussi valoriser les partenariats public-privé, encourager les cliniques régionales à accueillir des missions spécialisées, et permettre à la population de bénéficier d’une médecine de qualité sans devoir migrer vers les grandes villes.
 
Le Maroc, engagé dans une réforme historique du système de santé et une généralisation de la couverture médicale, ne peut ignorer cet enjeu.
 
 La proximité médicale n’est pas un luxe : c’est une exigence de dignité, d’équité et d’efficacité.
 
 Un modèle à encourager à Ouazzane et ailleurs
 
Ouazzane, ville carrefour entre le Rif et le Gharb, illustre ce besoin criant.
 
Sa population aspire, elle aussi, à bénéficier d’une médecine spécialisée, moderne et éthique.
 
L’experience du modèle de Sala Al Jadida à été reproduite à Ouazzane.
 
C’est une autre maniere de donner une chance à une jeunesse rurale de croire en un Maroc équitable.
 
C’est aussi renforcer la confiance entre citoyens, praticiens et institutions, et inscrire la médecine marocaine dans une démarche de justice territoriale.
 
 Conclusion : rapprocher les compétences, pas les murs
 
Le Maroc dispose de médecins d’une compétence exceptionnelle, d’équipements modernes et d’une jeunesse avide de progrès.
 
Mais sans une refonte lucide du cadre juridique, ces ressources resteront confinées aux grandes villes.
 
Rapprocher les médecins des citoyens, c’est rapprocher l’État de sa mission première : protéger la vie et la santé de tous.

Mots-clés: Médecine spécialisée, Médecine de proximité


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