header

Football et maladies rhumatismales chez les jeunes : un match à haut risque ou une partie à jouer avec précaution?

Par Dr Anwar Cherkaoui, avec le concours du Pr Abdellah El Maghraoui et du Pr Fadoua Allali – Société Marocaine de Rhumatologie (SMR)

Un rêve, un terrain… et une douleur

Dans les rues, les écoles et les clubs, le football demeure le sport roi des jeunes Marocains.

Mais que faire lorsqu’un adolescent passionné de ballon rond apprend qu’il est atteint d’une maladie rhumatismale?

Polyarthrite juvénile, spondyloarthrite, lupus ou arthrite psoriasique : ces maladies inflammatoires chroniques peuvent bouleverser la vie scolaire et sociale, et parfois remettre en cause la pratique sportive.

La question se pose alors : le football est-il compatible avec une maladie rhumatismale ?

Les arguments pour : bouger, c’est guérir

« L’activité physique adaptée n’est pas l’ennemie du patient rhumatismal, elle en est une alliée », rappelle le Pr Abdellah El Maghraoui.

Le mouvement contrôlé entretient la souplesse articulaire, préserve la masse musculaire et limite la raideur.

Chez l’adolescent malade, l’arrêt total du sport peut au contraire accentuer la fatigue, la perte de mobilité et les troubles de l’humeur.

« Le football, s’il est pratiqué de façon encadrée et mesurée, peut être bénéfique pour le moral, la socialisation et la confiance en soi », ajoute le Pr Fadoua Allali.

Des programmes de rééducation inspirés du sport collectif permettent de garder le plaisir du jeu tout en évitant les gestes traumatisants.

Ainsi, un football raisonné peut devenir une véritable thérapie par le mouvement : un moyen de rester actif et de préserver l’équilibre psychologique malgré la maladie.

football Rhumatologie 23102025

Les arguments contre : quand le terrain devient dangereux

La prudence reste cependant essentielle.

Les rhumatismes inflammatoires ne se limitent pas à des douleurs : ils traduisent une inflammation profonde, qui rend les articulations fragiles pendant les poussées.

« Il faut distinguer les phases actives et les phases de rémission », souligne le Pr El Maghraoui.

Pendant les poussées, tout effort ou contact peut accélérer les lésions ou déclencher une rechute.

Certains traitements, notamment les immunosuppresseurs, augmentent aussi le risque d’infection après une blessure.

La pression du groupe peut être un autre piège : vouloir “tenir son poste” ou “ne pas paraître malade” pousse parfois le jeune à ignorer la douleur.

Or, la maladie impose une écoute attentive du corps, loin des exigences de la compétition.

Trouver l’équilibre : entre passion et précaution

Le consensus des experts marocains est clair :
le football n’est pas interdit, mais il doit être adapté.

En phase calme , il peut être pratiqué sous forme de jeu léger, d’entraînement sans contact ou d’exercices techniques modérés.

En phase active , il vaut mieux privilégier la kinésithérapie, la natation ou les étirements.

Un suivi régulier par un rhumatologue et un médecin du sport permet d’ajuster les efforts selon l’état clinique.

« Le sport n’est pas un luxe pour nos jeunes patients, c’est une composante du traitement — à condition qu’il soit intelligent, adapté et respectueux de la douleur », conclut le Pr Allali.

Un message d’espoir

Les progrès thérapeutiques, notamment les biothérapies, permettent aujourd’hui à beaucoup de jeunes de continuer à vivre leur passion pour le football.

Grâce à une prise en charge précoce et coordonnée entre rhumatologue, kinésithérapeute et médecin du sport, la maladie n’est plus synonyme d’exclusion.

La Société Marocaine de Rhumatologie (SMR) porte ce message d’optimisme :

la maladie ne doit pas priver les jeunes de leurs rêves, mais les inviter à les poursuivre autrement — avec précaution, confiance et encadrement.

En conclusion

La maladie rhumatismale n’est pas un carton rouge pour les jeunes sportifs.

C’est un avertissement bienveillant : celui d’apprendre à écouter son corps.

Avec un accompagnement adapté, un suivi rigoureux et une pratique mesurée, le football peut rester un espace de joie, de santé et de dignité.

Mots-clés: SMR, Maladies rhumatismales, Football


Suivez-nous sur Facebook

Sante21.ma

La Santé au 21ème sciecle

L'actualité médicale et pharmaceutique au maroc.

Nos partenaires