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Don et greffe de la cornée au Maroc : Une législation qui tarde à ouvrir les yeux

A l’occasion du 17 octobre 2025, journée mondiale de la greffe de la cornée.

Par Dr Anwar CHERKAOUI, avec le concours du Dr Mohsine El BAKKALI, auteur d’un ouvrage sur la greffe de cornée au Maroc

Quand la vue dépend d’une loi

Chaque année, près de 8000 Marocains pourraient retrouver la vue grâce à une simple opération : la greffe de la cornée.

Et pourtant, seuls 500 patients bénéficient aujourd’hui de cette chirurgie réparatrice.

Toutes ces cornées viennent de l’étranger, importées à prix fort, dans un pays qui dispose pourtant de médecins compétents, d’hôpitaux équipés, et de milliers de donneurs potentiels.

Un paradoxe douloureux dans un Royaume qui ambitionne la souveraineté sanitaire.

Une réforme législative pour ouvrir les yeux

Le Maroc n’a pas besoin d’une révolution technologique pour vaincre la cécité guérissable.

Il a simplement besoin d’une adaptation de la loi.

Permettre à tous les ophtalmologistes, qu’ils exercent dans le public ou dans le privé, d’effectuer la greffe de cornée.

Créer un cadre clair, éthique et transparent, pour encourager les dons post-mortem.

Et surtout, replacer le don de cornée dans le champ de la solidarité nationale.

La médecine est prête.
Les chirurgiens sont formés.
Les patients attendent.
C’est la législation qui tarde à ouvrir les yeux.

Un pays capable, mais encore aveugle à son potentiel

Le Maroc enregistre chaque année près de 4000 décès sur la voie publique.

Derrière ces tragédies se cachent autant d’occasions perdues de sauver la vie et la vue à d’autres.

Ces cornées, intactes, pourraient rendre la lumière à des jeunes atteints de cécité évitable.

Mais faute de sensibilisation, faute d’organisation, ces dons ne se font pas.

Pendant ce temps, le peu de greffes de cornees qui se font restent dépendants des cornées importées, payées en devises, alors que la solution se trouve au cœur du pays — dans la générosité et la conscience de ses citoyens.

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L’islam, la science et la solidarité : un même regard

Contrairement à certaines idées reçues, rien dans la religion musulmane n’interdit le don d’organes ou de tissus.

Au contraire, les savants et les conseils religieux rappellent que sauver une vie, ou redonner la dignité à autrui, est l’un des plus hauts actes de foi.

Le don de la cornée, c’est prolonger son humanité au-delà de la mort.

C’est permettre à la lumière de continuer à circuler, d’un regard à un autre.

Voir à nouveau, travailler, aimer, vivre

La cécité liée aux maladies de la cornée touche souvent des jeunes, parfois en pleine activité professionnelle ou scolaire.

Retrouver la vue, c’est retrouver sa place dans la société, dans la famille, dans la vie.

Chaque greffe réussie est une renaissance.

Le Maroc a donc devant lui un choix de civilisation :
soit rester dépendant des cornées étrangères et du hasard des dons isolés,
soit bâtir une politique nationale du don de cornée, digne, humaine et moderne.

Le regard du futur

Changer la loi, c’est changer des vies.

Encourager le don, c’est construire un Maroc plus solidaire.

Et chaque citoyen, chaque famille, chaque médecin peut y contribuer.

Le jour où les Marocains feront don de leurs cornées, la lumière ne s’éteindra plus avec la mort : elle passera d’un regard à l’autre.

Mots-clés: Journée mondiale, Greffe de la cornée


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