10 Juillet 2016 : Conférence mondiale sur le changement climatique et la santé : pour une approche intégrée du climat et de la santé
En marge de cette conférence, Hakima El Haité a eu des entretiens avec des responsables de l'OMS, axés sur les préparatifs de la COP 22 à Marrakech. Ph : MAP
La ministre déléguée chargée de l'Environnement, Hakima El Haité a plaidé, jeudi à Paris, pour une approche intégrée du climat et de la santé afin d'assurer la paix sociale et la stabilité des États.
«Les impacts sur la santé font partie intégrante des effets directs ou indirects du changement climatique», a indiqué Hakima El Haité à la session d'ouverture de la deuxième conférence mondiale sur le changement climatique et la santé qui se tient les 7 et 8 juillet dans le cadre de la Présidence française de la COP21, appelant toutes les Parties de la Convention-cadre afin que la santé soit prise en compte dans l'élaboration et la budgétisation des Plans nationaux d'adaptation.
«Il me paraît fondamental que la dimension santé soit beaucoup plus systématiquement prise en compte dans les politiques climatiques nationales, et ce d'une manière inclusive comme le requiert l'Agenda 2030 du développement durable», a-t-elle poursuivi, notant que la dimension santé, et l'interconnexion santé-environnement-développement doivent désormais être fortement intégrées dans les travaux de la Convention des Nations unies sur le changement climatique ainsi que dans l'Agenda de l'Action.
La ministre a dans ce sens proposé que soient instituées, à partir de la COP22 de Marrakech, une journée thématique sur le nexus Climat-Santé-Développement, ainsi qu'une réunion des ministres de l'Environnement et de la Santé.
Elle a, aussi, relevé que l'Accord de Paris n'est pas seulement un traité sur le climat, il est aussi, d'une certaine manière, un traité sur la santé publique, rappelant ses références à la santé, et notamment au droit à la santé.
La ministre a, également, mis l'accent sur les dimensions anthropologiques, symbolisées par la référence, extraordinaire de cet accord multilatéral, au concept de Terre-Mère, notant qu'il établit le lien entre l'agenda du climat et l'agenda 2030 du développement durable, où la santé est un des ODD, fortement reliée et interdépendante avec d'autres, comme l'environnement, l'éducation ou la réduction de la pauvreté.
«La lutte contre le changement climatique, pour un environnement préservé et pour un développement humain et durable ne sont que les facettes d'une même responsabilité holistique et du défi d'une gouvernance inclusive au double service du bien Commun et de notre Maison Commune», a-t-elle dit, soulignant que la dignité de l'homme et la dignité de la planète sont interdépendantes.
«Il ne peut y avoir de vie digne sur une planète dévastée, inégalitaire et non-solidaire», a-t-elle insisté, notant que l'Accord de Paris est aussi un traité sur la santé publique de par les nombreuses dispositions de son texte, et de la Décision à laquelle il est annexé, qui, dans leur mise en œuvre, impliquent des dispositions liées à la santé ou offrent des opportunités pour que la santé soit intégrée dans des dispositifs.
Evoquant la question de l'atténuation, Hakima El Haité a mis l'accent sur la nécessité de réduire le chiffre tragique et terrifiant de 7 millions de morts par an attribuables à la pollution, et celui, qui est en fait une estimation très basse du fait de la difficulté d'isoler le facteur réchauffement dans l'analyse statistique, de 250.000 morts par an à cause du changement climatique.
«La vérité est que les effets du changement climatique provoquent sans doute beaucoup plus de morts, de maladies et d'invalidités, si l'on songe aux impacts dévastateurs des inondations, des sécheresses, des famines, de la désertification, des extrêmes de températures, de l'aggravation de la pollution sous l'effet de la chaleur, de l'émergence de pathogènes et de l'extension des insectes vecteurs d'épidémies, pour ne citer que ces exemples», a-t-elle expliqué, estimant que l'atténuation aujourd'hui baissera les besoins d'adaptation demain; de même que l'intensification et l'accélération des efforts d'adaptation au Nord comme au Sud feront baisser l'effet pathogène du changement climatique.
Ces efforts doivent donc être considérés et inlassablement présentés aux opinions publiques et aux dirigeants comme un impératif de santé publique, a-t-elle dit, notant qu'il s'agit là d'une mission d'autant plus cruciale, et payante, que l'attachement des citoyens à leur santé est un des moyens les plus puissants de les mobiliser en faveur de politiques transformationnelles.
Cette conférence s'est déroulée en présence de la Reine Letizia d'Espagne, ambassadrice spéciale de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).
En marge de cette conférence, Hakima El Haité a eu des entretiens avec des responsables de l'OMS, axés sur les préparatifs de la COP 22 à Marrakech et notamment la concrétisation de l'initiative marocaine d'une coalition climat-santé.