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13 Juin 2016 : la campagne choc de Médecins du Monde

Dénonciation des prix exorbitants des médicaments

 

130620160011Lundi 13 juin, Médecins du Monde (MdM) a lancé la campagne internet LePrixdelaVie. Explicites et édifiants, les visuels dénoncent les prix exorbitants des médicaments. En voulant publier cette campagne, MdM n’a essuyé que des refus de la part des sociétés d’affichage. Et suscité une franche opposition de la part des Entreprises du médicament (Leem).

Dans sa campagne choc LePrixdelavie, MdM publie 12 visuels dénonçant les prix révoltants des traitements. Au cas par cas, plusieurs maladies sont passées au crible.

  • L’hépatite C. « La prescription de sofosbuvir a agi comme un révélateur des dysfonctionnements en matière de production et de fixation du prix des médicaments », note MdM. Cette molécule antivirale à action directe (AAD) coûte en effet 41 000 euros pour 12 semaines de traitement. Contre un coût de production évalué entre 68 et 136 dollars (60 à 120 euros) selon une étude du chercheur Andrew Hill (Université de Liverpool) ;
  • Le cancer. Selon MdM, les dépenses liées aux molécules anti-cancéreuses représentent 30% du budget annuel alloué (2,4 milliards d’euros) à la prise en charge du cancer, chaque année en France. L’association insiste notamment sur « le marché juteux » lié à la commercialisation de ces médicaments. Le Keytruda® (pembrolizumab), utilisé dans la prise en charge du mélanome, est vendu à 100 000 euros par an et par patient. MdM dénonce aussi le prix du Glivec® (imanitib). Prescrit contre la leucémie, ce traitement coûte « 40 000 euros par an et par patient, pour un coût de production estimé à seulement 200 euros ».

Pour « faire baisser le prix des médicaments », une pétition à signer en ligne sera ensuite relayée à la ministre de la Santé Marisol Touraine.

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©Médecins du monde

Dans sa campagne, MdM met l’accent sur la politique de fixation des prix des médicaments. « Les autorités laissent les laboratoires pharmaceutiques dicter leur prix et abandonnent leur mission, celle de protéger la santé des populations (…) », décrit le Dr Françoise Sivignon, présidente de MdM. « Les autorités qui fixent le prix d’un médicament acceptent de s’aligner sur les exigences des firmes pharmaceutiques ».

Propos contredits par les entreprises du médicament (Leem). «  Le prix des médicaments est fixé par le Comité économique des produits de santé (CEPS) à l’issue de négociations avec les industriels. En aucun cas les [fabricants] ne fixent leur prix de façon unilatérale ». Par ailleurs le prix du médicament ne serait pas uniquement lié au coût de production. « Pour l’industriel ce prix doit prendre en compte les coûts de recherche des nouveaux médicaments, leur durée de mise au point (11,5 ans en moyenne) et les risques liés au développement sachant que seuls 7% des médicaments entrant dans un essai clinique de phase 1 accèderont au marché ».

Mais MdM va plus loin : à terme, « la Sécurité sociale ne pourra plus prendre en charge ces traitements ». Le Dr Sivignon insiste d’ailleurs sur l’urgence d’une réaction politique, indispensable pour prendre à bras le corps cette problématique. « La mainmise de l’industrie pharmaceutique sur le système de brevabilité doit cesser. Il est maintenant temps que Marisol Touraine agisse (…) ce n’est pas au marché de faire la loi, c’est à l’Etat ».

Une censure ?

En désaccord avec la campagne publiée par MdM, le Leem met en avant le poids des laboratoires pharmaceutiques dans la balance de l’innovation. « Le secteur pharmaceutique est l’un de ceux qui investit le plus dans les activités de recherche et développement, avec un taux moyen de 15% de chiffre d’affaires ». Voire « 30% pour les entreprises les plus innovantes ». Et toujours selon le Leem, le chiffre d’affaires des entreprises du médicament a diminué en 2015, ainsi qu’en 2016.

La question est hautement polémique. A tel point que l’affichage des visuels de la campagne LePrixdelaVie dans l’espace public (métro, abribus…) n’a pas abouti. « [Nous nous sommes] vus refuser la campagne par l’ensemble des réseaux d’affichage », conclut l’ONG dont les visuels seront toutefois relayés sur Internet, en particulier les réseaux sociaux, ainsi que dans les grands quotidiens nationaux.


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